Introduction

L’histoire de l’Église maronite est liée, dans le temps et dans l’espace, à l’histoire du Liban. Appréhender la réalité libanaise, c’est d’abord apprendre à se retrouver parmi ses dix-huit communautés « officielles » qui forment la mosaïque libanaise. Parmi elles, onze sont chrétiennes dont, en plus de la minorité latine, cinq orientales et catholiques, c’est-à-dire en communion avec le pape de Rome, à savoir l'Église maronite, l'Église grecque catholique (ou melkite), l'Église arménienne catholique, l'Église syriaque catholique et l'Église chaldéenne. Cinq autres Églises, qui sont en fait les Églises mères dont sont issues les Églises catholiques orientales uniates (c'est-à-dire toutes les Églises orientales catholiques à part l'Église maronite) ne sont pas encore en communion avec Rome; il s'agit de l'Église grecque orthodoxe, de l'Église arménienne apostolique, de l'Église syriaque non catholique (ou jacobite), de l'Église assyrienne de l'Est (nestorienne) et des minorités protestantes.

L’histoire des Maronites: quelques notes

Le monothélisme, dont furent accusés les Maronites, n’est en rien une hérésie. Cette doctrine lancée par Héraclius empereur de Byzance vers l’an 610 professe que les deux natures du Christ, humaine et divine, ne se manifestent que par une seule volonté: « dans la personne de Jésus-Christ, les deux natures, vraiment humaine et vraiment divine, qui coexistaient sans mélange ni séparation, ne pouvaient concrètement se manifester en sa personne que dans l’harmonie de leurs volontés respectives. Cette harmonie devait amener à la parfaite correspondance, à tout instant, de la volonté humaine du fils avec sa volonté divine, comme s’il n’y eût en sa personne, dans le concret de sa vie, qu’une seule volonté (monothélisme) à se manifester, à savoir la divine, celle de son père » (cf. Saïd, 1989).

Après la conquête musulmane, entre 634 et 641, les Maronites subissent des tracasseries. Afin de conserver leur autonomie, ils ne tardèrent pas à fuir les plaines fertiles de la Syrie pour s’installer dans les montagnes du Liban Nord où ils rejoignirent d’autres coreligionnaires convertis par la prédication des disciples de Saint Maron. Leur principal lieu d’accueil sera la vallée de Qadisha (la vallée sainte). C’est de là qu’ils essaiment en direction du Sud, dans les montagnes du Kesrouan, du Metn et du Chouf. Dans ces montagnes vastes et sûres du Liban, les Maronites prospèrent à l’abri des querelles islamo-chrétiennes qui secouent la région à l’époque. Ils apprivoisent la montagne. Agriculteurs, ils taillent ses pentes en escaliers soutenus par des murets de pierres inlassablement restaurés, jusqu’à nos jours, par leurs descendants.

En 685, et après le décès du patriarche byzantin Anastase, le siège patriarcal d’Antioche se trouvait toujours vacant. Les Maronites se donnèrent alors un patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, en parfaite communion avec le pape à travers son légat en Jordanie (l'évêque de Philadelphie). Sa résidence au Liban fut au début dans un monastère à Kfarhay, dans la région de Batroun, dans le Nord.

Les Maronites ne tardèrent pas à subir les tracasseries et les persécutions des Mamelouks à partir de 1291, date du départ définitif des Croisés d'Orient: le patriarche Gebrael Hjoula fut brûlé devant le gouverneur de Tripoli en Avril 1367. Suite à ces persécutions, le siège patriarcal dut changer de résidence une dizaine de fois avant de se fixer en 1823 à Bkerké (l’hiver) et à Dimane (l’été).

A l’époque de l’hégémonie Ottomane (1516-1918), les patriarches et évêques maronites s’alliaient aux émirs Maan et Chéhab qui gouvernaient le pays. Ainsi, les Maronites se répandirent dans tout le Liban. Vers 1584 et durant le règne du prince druze Fakhreddine II, le pape Grégoire XIII ouvrit le Collège maronite de Rome, ce qui donna un nouvel essor à la vie intellectuelle de l’Église maronite et à tout l’Orient.

Mise à jour

Le nombre actuel des Maronites dans le monde s’étend probablement au-delà de 10 millions: ils se retrouvent au Proche-Orient, aux Amériques du Nord et du Sud, en Australie, en Afrique et en Europe. Leur patriarche, Bechara Boutros RAÏ, « patriarche maronite d’Antioche et de tout l’Orient » est le 77ème patriarche de l'Église maronite. Sa sollicitude paternelle s’étend à ses enfants maronites du monde entier, mais sa juridiction est limitée par le droit des Églises orientales aux seuls confins de son territoire patriarcal en Orient. Le nombre de fidèles maronites se trouvant au Liban est évalué à environ 600000.