Contemporain de saint Siméon le Stylite († 459), dont l'influence régnait toute-puissante sur les pays avoisinants, Saint. Maron
(Maroun), père de la communauté maronite, est parmi les ascètes de Syrie qui ont eu une réputation mondiale.
Comme saint. Paul l'ermite († 345), premier anachorète (du grec, ana et Khôrein : se retirer) ou ermite,
saint Maron mena une vie très retirée. "Fou du désert, ivre de Dieu", mais attirant la curiosité des touristes contemporains.
Les détails de sa vie nous sont parvenus à travers Théodoret de Cyr
(393-457), son historien, et saint Jean Chrysostome, qui entretient une correspondance avec lui.
Saint Jean Chrysostome (349-407), d'autre part, évêque de Constantinople, exilé à Cucusus en Turquie, touché par la renommée et la sainteté si grandes de l'ermite, lui écrivit une lettre adressée à "Maron le prêtre-ermite" vers 404-405, lui témoignant du respect et lui demandant d'intercéder pour lui dans sa prière.
Il serait né vers 340 à Qoroch (Cyrrhus : Cyr), au nord-est d'Antioche. C'est tout ce que l'on sait, et c'est bien peu de choses, de la jeunesse et de l'ascendance de ce moine ermite, araméen d'origine, syriaque de rite et de langue.
Prêtre et grand directeur de consciences, il fut attiré par les motivations qui sont à l'origine de l'anachorétisme et du monachisme, identiques dans tous les pays chrétiens du Proche-Orient : même idée de
la destinée humaine, même façon d'envisager le continuel combat de l'homme contre le monde et le Mal qui poussèrent les hommes à partir pour le désert.
Il a élu domicile, dans la seconde moitié du 4ème siècle, au sommet d'une montagne abrupte, à 800 mètres d'altitude, située dans la région d'Apamée de la Syrie Seconde. Cette montagne portait le nom de Nabo, par référence au dieu païen Nabo dont le temple occupait le sommet. Le village avoisinant était connu sous le nom de Kfar Nabo. Il consacra l'autel du temple à l'adoration du vrai Dieu, le Dieu unique. Il mena là, en plein air, près du temple païen qu'il avait converti en église, une vie de pénitence et de prières, ordinairement à découvert, exposé à toutes les rigueurs du temps, se réfugiant quelquefois sous une tente de peaux de chèvres qu'il fabriqua lui-même afin d'éviter les grandes intempéries du climat. En principe, il ne voyait personne. Un disciple lui apportait à boire et à manger une ou deux fois par semaine.
Sa réclusion s'accompagnait du silence le plus absolu, de jeûnes, de prières continues, de nuits de veille extatiques, de longs agenouillements et prostrations, de lectures des prières liturgiques à leurs heures, de contemplations des merveilles de Dieu et de ses montagnes. Il s'enfermait aussi dans les espaces restreints, n'en sortant que pour travailler la terre de ses mains par mortification, portant des vêtements rugueux, évitant de s'asseoir ou de dormir toute la nuit.
L'austérité de sa vie et le don des miracles dont il fut favorisé firent
de lui l'une des plus grandes célébrités de son époque. Les foules
envahirent le lieu de sa solitude. Hommes et femmes allaient solliciter
sa prière ou partager sa discipline. Les visiteurs se pressaient autour
de son lieu de retraite et recevaient par son entremise des grâces
abondantes, tant spirituelles que temporelles, ce qui ne pouvait
qu'attiser le désir de l'approcher et de se laisser instruire par lui.
Il dut prêcher, conseiller ses visiteurs et consoler et souvent guérir
les malades.
Parmi ces hommes et femmes, attirés par la vie du saint, nombreux furent ceux qui voulurent suivre ses pas. Les uns vouèrent une bonne partie de leur existence à la prière, tandis que d'autres s'isolaient sur les cimes des montagnes ou se cloîtraient dans des grottes pour communier avec le divin.
Parmi ces disciples, qui ont peuplé les monts et les vallées de la Cyrrestique, décrits par Théodoret, se trouvèrent :
Zabena qui a peut-être été le directeur de conscience de Saint Maron, qui louait ses vertus et l'appelait "père et maître".
Saint Jacques, qui s'était enfermé dans un ermitage étroit durant 38 ans, chargé de fer, ne mangeant que des lentilles mouillées.
Limnaius, qui s'était enfermé dans une enceinte de pierres, ne parlant aux gens qu'à travers une lucarne.
Jean, Moïse, Antiochus et Antonios qui s'épuisèrent tous en sacrifices et mortifications incroyables.
Sainte Domnina, qui, après une vie de luxe, fit construire, dans le jardin de sa mère, une hutte en tiges de maïs et s'installa dedans, ne se nourrissant que de lentilles mouillées.
Kyra et Marana, deux vertueuses alépines de noble origine, qui vécurent dans un enclos étroit, se vêtant de bures alourdies de fer et jeûnant à l'excès, gardant le silence toute l'année sauf durant les 50 jours après
Pâques.
Il mourut entre 410 et 421. Lorsqu'il rendit sa belle âme à Dieu, un conflit éclata entre les habitants des régions avoisinantes qui voulaient s'approprier ses saintes reliques. D'après Théodoret,
saint Maron aurait exprimé le désir d'être inhumé dans la tombe de saint Zabena, qui représentait pour lui le modèle de la vie édifiante. mais les habitants de Barad ou Brad, proche de Kfar Nabo, survinrent en masse, s'emparèrent de ce trésor tant convoité et lui édifièrent un vaste tombeau.
Au début du 5ème siècle, une grande église y fut construite, à l'intérieur de laquelle se trouvait un sarcophage qui aurait servi à garder la dépouille de Saint Maron. Plus tard, ses disciples auraient transféré ses reliques, en particulier son crâne, au couvent de Saint Maron ou "Beit Maroun", édifié en 452
(au lendemain du Concile oecuménique de Chalcédoine de 451)sur l'Oronte entre Alep et Hamah en Syrie actuelle. Au début du Vllème siècle, le crâne fut ramené au Liban, dans la région de Batroun, au couvent de Kfarhaï, connu sous le nom de " Rech Maro ", c'est-à-dire " Tête de Maron
". En 1130, la tête de Saint Maron fut transférée au couvent de la Croix à Foligno en Italie par un moine bénédictin qui était venu en pèlerinage aux Lieux
Saints. En 1194, l'évêque de Foligno fit apporter le crâne dans l'église de l'archevêché, où les fidèles coulèrent une statue en argent représentant l'effigie du saint et dans laquelle ils déposèrent ses reliques. En 1887, l'évêque de Foligno remit quelques fragments des reliques de Saint Maron à Mgr Youssef el-Debs, lors de son passage en Italie.
Récemment, un transfert du crâne du saint a été fait à Kfarhaï au Liban.
Les disciples, réunis autour de Saint Maron, formèrent le premier noyau de l'Église maronite. Ils établirent le centre de leur vie au monastère dédié à la mémoire de
Saint Maron, situé sur les bords de l'Oronte dans la plaine d'Apamée et de Cyr et y formèrent une communauté monastique. Ce furent les moines de cette communauté qui constituèrent au cœur des luttes théologiques le bastion de la foi
catholique la plus sourcilleuse. Chalcédoniens fervents, ils refusèrent de se rallier à des positions qu'ils tenaient pour hérétiques.
Le couvent de saint Maron était le centre et le chef-lieu d'un grand nombre de monastères aux
Vème, VIème et VIIème siècles. Cette fédération comprenait 33 monastères. Elle était le noyau de l'Église et de la Nation maronites. Courageusement, ces moines tinrent tête à toutes les pressions exercées sur eux. Et comme le
Siège patriarcal d'Antioche était vacant, les Maronites prirent le parti d'élire en 685 un patriarche dont Rome reconnut la légitimité.
Dans la violence de la persécution déchaînée contre eux par les monophysites
(jacobites), 350 moines furent massacrés en 517 sur la route
allant du couvent de saint Maron à celui Mar Sema'an el`Amoudi et divers couvents ont
été brûlés. L'Église maronite vénère le martyre de ces 350 moines le 31 juillet.
Les patriarches de l'Église maronite ne purent pas résider dans la ville
d'Antioche : les circonstances et les événements religieux et politiques
les obligèrent à demeurer ailleurs. Ils habitèrent d'abord au monastère
de saint Maron.
L'arrivée des Arabes changea notablement la situation des Maronites. Ces
derniers avaient à subir désormais, avec le sort réservé aux chrétiens,
les violences redoublées de leurs ennemis religieux. Obligés par
l'expansion musulmane de quitter les belles plaines, les Maronites
préférèrent tout abandonner plutôt que de se soumettre ou de pactiser
avec les infidèles. En conséquence, le patriarcat maronite fut transféré
au Liban pendant le VIIIème siècle.
Puis, après la fixation du siège patriarcal au Liban, les chefs de l'Église maronite s'établirent dans les couvents de cette montagne, notamment à Yanouh, Maïphouq, Kfarhaï, Qannoubine.
Réfugiés dans les montagnes du Liban, les Maronites devinrent, sous la direction même de leur patriarche, les défenseurs d'un bastion chrétien que ni les siècles ni les déchaînements de la force ne devaient briser...
1. Saint Maron est fêté le 9 février par les Maronites, les Grecs catholiques et les
Syriaques, le 14 février par les Latins et les Grecs orthodoxes.
2. Le 2 Mars, l'Église maronite fête saint Jean-Maroun (Youhanna-Maroun), premier patriarche maronite (685).
3. Les 350 disciples martyrs sont vénérés le 31 juillet par les Maronites.
"À Maron le prêtre ermite,
Les liens d'affection et d'amitié qui nous unissent à vous, vous rendent présent à nous, car les yeux de l'amour percent naturellement les distances et l'usure du temps ne les affaiblit pas. Nous aurions aimé vous écrire plus souvent, mais certaines difficultés et la rareté des voyageurs qui vont vers vous nous en empêchent. A présent, nous vous envoyons nos meilleures salutations et nous aimons vous assurer que nous portons toujours vivant votre souvenir où que nous soyons, vu la place de choix que vous occupez dans notre pensée. Ne soyez donc pas avare de vos bonnes nouvelles, car les nouvelles de votre bonne santé nous procurent, dans notre solitude et exil, la plus grande joie et la plus grande consolation et nous nous réjouissons beaucoup de savoir que vous vous portez bien. Tout ce que nous vous demandons, c'est de prier Dieu pour nous".
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